Thierry Di Rollo revient, visiblement pour la dernière fois en compagnie de son ultime roman, « Le soleil des Phaulnes ». Ayant une carrière riche d’une quinzaine de romans et d’un nombre conséquent de nouvelles, l’auteur aura su s’imposer dans le paysage français de la littérature de genre, qu’il s’agisse de Science-fiction, de fantastique ou encore de roman noir. Une grande versatilité au service d’une qualité d’écriture indéniable et des univers riches.
Le soleil des Phaulnes comme baroud d’honneur, espérons que non, et que l’écriture de roman finira par manquer à Thierry Di Rollo. Mais en attendant, de quoi parle ce soleil des Phaulnes ?
Les Phaulnes sont un peuple humanoïde vivant sur Gobo dans une galaxie lointaine. Peuple fascinant, les Phaulnes ont refusé la technologie et les déviances inhérentes qu’elles provoquent, comme la dépendance à cette dernière et le travail d’autant plus important/imposant pour subvenir au besoin de technologie, afin de s’orienter vers une vie plus simple. Une vie plus austère diront certains, mais voyons le très clairement, à l’instar des Na’vis dans le film de James Cameron, une vie en harmonie avec son environnement et les autres espèces de la planète.
Mais les plus belles choses ayant une fin, le glas de Gobo sonne le jour ou les Phaulnes sont chassé de chez eux, pour être relogé sur une autre planète, avec d’autres humanoïdes. La raison est simple, la société multimondiale Garmake est venue siphonner l’intégralité de l’hydrogène du soleil de Gobo, ce qui va invariablement entraîner sa mort et toute vie possible autour de ce dernier. Dès lors, que faire ? Accepter le départ ? Le refuser ? Et les « déportés » sont-ils si bien relogés que ça ?
Parmi les Phaulnes, la jeune Griddine n’a pas dit son dernier mot et s’engage dans une longue quête parsemée de rencontres et d’un plan alimenté par sa rage.
Le soleil des Phaulnes est brillant par sa fausse simplicité. Fonctionnant comme un roman d’aventures, l’auteur nous dépayse à chaque instant. Faisant souvent l’économie de longue description, et privilégiant l’ambiance et les dialogues, Thierry Di Rollo à su donner une dynamique très cinématographique à son texte.
Comment ne pas voir les événements cités, qu’ils s’agissent d’espèces endémiques, de planète consciente, d’épaves à la dérive ou de cité continent voir cité monde, tout est brillamment décrit, vivant et cohérent . Thierry Di Rollo maîtrise son sujet, aime son univers et ça se sent à chaque instant.
Prenant pour personnage central, une Phaulne, ayant comme particularité d’avoir vécu dans un monde beaucoup plus “basique” que les autres mondes habités, son regard souvent pousse le lecteur à penser notre présent différemment, sur l’importance de notre modernité mis en opposition avec ce que l’on sacrifie pour accepter cette dernière. Sans être pour autant manichéen, l’auteur sait plonger dans des questionnements fins et habiles pour donner plus de profondeur à son texte.
Ce qui donne un roman d’aventures SF efficace, cohérent et intelligent, sachant promener et dépayser le lecteur. Un seul petit regret, qu’il ne soit pas plus long, deux passages en particulier, vraiment forts, auraient mérité que l’on s’y attardent plus longuement, tant les concepts, l’ambiance et les propos développés sont passionnant.
Thierry Di Rollo termine sa carrière d’écrivain avec une petite merveille en guise de point final. Bravo !
Éditions Le Bélial’,
304 pages,
Ted.