Finalement, après révision, il y a beaucoup plus d’auteurs français incroyables que ce que je pensais. Un nouveau s’ajoute à ma petite liste. Thomas Day, en particulier avec ses romans « La Voie du Sabre ». Et là poussez-vous de devant, attachez-vous bien parce que la gifle est monumentale !
Japon Médiéval, XVII ème siècle.
« La vie du jeune Mikédi, fils du chef de guerre Nakamura, est bouleversée lorsque débarque dans la forteresse où il vit un samouraï de légende, Miyamoto Musashi. Cet homme, puissant et repoussant à bien des égards, est pourtant le plus grand maître de sabre qu’ait connu l’Empire. Nakamura souhaite en faire son premier samouraï, mais Musashi préfère reprendre la route en prenant Mikédi comme élève. La Voie du Sabre ne s’offre néanmoins pas au premier venu, et auprès de Musashi l’apprentissage de Mikédi aura souvent un goût amer… »
L’élève peut-il dépasser le maître ? Quand bien même celui-ci est considéré comme une légende ?
La liberté de ses actes a-t-elle un goût de sacrifice ? La Voie du Sabre apportera son lot de réponse, mais pour y parvenir il faudra devenir un véritable samouraï. L’apprentissage par l’abnégation, la souffrance, la rigueur mais aussi l’apprentissage par l’amour, ce même amour qui sculpte le corps des hommes et le rend encore plus fort.
Thomas Day revisite les contes japonais et les forment à sa sauce afin de donner encore plus d’assise à son récit et ses héros. À travers les rituels de thé, le seppuku, le Bushidô (voix du guerrier), les combats au katana, les dialogues emprunts d’une certaine sagesse, la philosophie sous-jacente, le roman prend une tournure de « roman d’apprentissage ».
On doit cette pépite à un auteur suant le génie à plein nez. Une plume ambitieuse et nette qui ne s’attarde pas sur les longues descriptions façon Tolkien. Non pas que celles-ci soient désastreuses, bien au contraire, mais que dans le style et l’univers de Thomas Day, elles poseraient un sérieux problème de contraste. Le rythme soutenu et l’enchaînement de chapitres collent parfaitement avec le ton voulu par l’auteur. Les années s’écoulent parfois en quelques lignes et laissent malgré tout, dans leur sillages, des changements certains chez les protagonistes. Mais ce qui retient encore l’œuvre dans un état de grâce est sans doute les légendes amenées par l’auteur entre deux chapitres, toujours empruntes d’un réalisme ahurissant et d’une morale sous-jacente.
En cheminant sur les clins d’œil portés à la culture japonaise, qu’ils soient économiques, religieux, fantasques ou historiques, Thomas Day harmonise son récit et lui confère une authenticité bienvenue qui, au fur et à mesure de l’œuvre, rend le récit encore plus proche d’une réalité que d’une fiction. Quand bien même ce récit est « uchronique ». Le récit à la première personne vous place en tête de l’aventure. Votre main guide le sabre, votre liberté est à votre portée… mais à quel prix ?
La Voie du Sabre flirte avec la philosophie, il bouleverse les codes de la fantasy et propose une vision poétique et sensible de la culture japonaise.
À se demander si Thomas Day est vraiment français…
293 Pages
Folio SF
Ludo