Alone est avant tout un roman singulier.
Quand bien même l’hommage à Julia Verlanger et “L’autoroute sauvage” est présent, quand bien même le protagoniste, Pépé, ressemble étrangement à Gérald. Leurs deux couteaux, extensions de leurs mains droites aussi rapides qu’un flingue.
Alors avant de crier au plagiat et de vouloir renier cette petite pépite, il faut lui accorder l’attention qu’elle mérite. C’est à dire un roman d’aventure, un roman où « Pépé » erre dans une France dévastée à la recherche de Grise, l’amour de sa vie. Une France peu accueillante aux origines douteuses, laissée pour morte par l’ancienne génération.
Prospère en son sein différents groupuscules ayant, pour chaque type, établi une façon de vivre étrangement inspirée par le passé.
Les Fanars, pour leur part, prêchent la bonne parole, et catholique s’il vous plaît. À grand coups de mensonges, d’illusions, de saintetés, d’armes à feu et d’escarmouches afin de rassembler à leurs bottes le maximum de fanatiques. En tête d’affiche toujours un costaud, effrayant, mal rasé et ne croyant pas une once des paroles qu’il fait boire à ses sujets, ce qui le fait tenir c’est sa poigne de fer et ses méthodes peu orthodoxes…
Les « Rasses » quant à eux sont reclus, dans des châteaux, des forts, des casernes et vivent en « harmonie » avec la violence, qu’ils considèrent comme un leitmotiv. La chasse aux Alones, aux survivants et aux caches d’armes est devenue leur passe-temps favori… outre les illusions, les mensonges et la trahison, qui semblent être monnaie commune sur cette “nouvelle terre”.
Et naviguent en électrons libres les Alones, singuliers êtres humains, qui arpentent les routes de France, la cartographie bien en tête, en solitaires. Rompus aux combats, aux techniques de survie et aux fractures de cous. Fraternels et amicaux avec leur prochain qu’ils n’hésitent jamais à aider, sauf en cas d’extrême urgence où la rapidité d’exécution fait office de répondant…
Les Alones sont les dignes représentant de la nature qu’ils chérissent avec attention et un respect proche de l’adoration, le ciel au dessus de la tête, les bottes profondément creusées dans la terre et leurs doigts, rapides, agiles, toujours à quelques centimètres de leur salut…
Alors quand tout se mélange, quand les ethnies, les coutumes et les idéaux se rencontrent, avec pour trame principale un Alone en colère, le roman prend des tournures de règlement de compte.
Amené par une plume franche et directe, « Alone » est un roman qui se lit d’une traite, en un éclair. Un roman qui fait sourire par le franc-parler de Pépé, personnage atypique dans une France en pagaille, un roman qui m’a profondément marqué… Presque autant que «L’autoroute sauvage » c’est dire…
436 Pages
Éditions Critic
Ludo