Comté de Grouse, sept ans après les évènements de « La fin du vandalisme », retrouvons la famille Darling – Joan et Charles – dans leur routine, leur vie telle un long fleuve tranquille…
Car depuis les sept dernières années, l’éduction de Micah, la routine, le train-train, les soucis du quotidien ont un peu ébranlé leur couple qui reste, en apparence, stable.
Dans cette contré où rien ne bouge – toujours en apparence- mais où la nature est en perpétuel mouvement. Le lecteur s’immisce dans leur vie durant quatre jours, quatre jours tranquilles, quatre jours banals, sans anicroche…en apparence.
« Les fantômes voyageurs» est d’une incroyable pertinence dans les propos de l’auteur, d’une terrible justesse dans les dialogues et les situations. La lecture de ce texte est une plongée dans la vie d’une famille et à aucun moment on a l’impression que cela puisse être exagéré ou ubuesque.
Il y a comme je le disais précédemment du Giono chez cet auteur, je me dois de préciser un peu mon propos. Cette authenticité dans les personnages, la justesse des situations et ce rythme hypnotique… Drury et Giono… même combat !
La beauté du style, des descriptions et des ambiances en font un pur moment littérature et la traduction précise et au plus fidèle de Nicolas Richard ne fait que rendre justice à un texte qui brille par sa malice et sa poésie.
« Ils burent dans leurs verres respectifs pendant que Colette lui parlait de fantômes voyageurs, qui hurlent en même temps que sifflent les trains – Micah avait dû en entendre certains, lui qui habitait près de la voie ferrée – et les fantômes papier, qui mettent le bazar dans les documents, et les fantômes jaloux, qui appellent au téléphone et demandent des gens qui ne sont pas là. Aussi les fantômes tactiles, qui vous donnent froid dans le dos, les fantômes des ponts, comme le fameux Bébé Mahoney, les fantômes vaniteux, qui sont les seuls qu’on peut voir, et puis les fantômes qui marmonnent, et font qu’une personne se tourne vers une autre dans une pièce silencieuses et lui demande : « tu viens de dire quelque chose ? ». »
Tom Drury est très certainement un extra-terrestre, il a ce petit truc agaçant qui nous rend accros à ses livres, ce petit coup de génie qui illumine chaque page, ce détail qui tue et qui fait mouche à chaque fois. Un vrai plaisir de littérature, un livre qui se lit et relit avec le même plaisir, une œuvre qui se partage et doit se faire découvrir au plus grand nombre. Merci M.Drury.
Editions Cambourakis
224 pages
Ted.