Un petit livre au format peu commun avec un titre aux consonances enfantines, tout laisserait croire qu’il sagit d’une histoire bien innocente… Mais Les Bêtises de Xinophixeros a pour auteur Tony Sandoval, qui ne l’oublions pas, est un grand amateur de tentacules cthuliennes et de passages poétiquement sanglants.
Cette bande-dessinée ne déroge pas à la règle et nous entraine dans un petit village du Nord, hanté par un démon tout noir répond au nom tordu de Xinophixerox, aux airs un peu patauds et simplets. Croisement inattendu entre un cachalot, une chauve-souris et un reptile, il semble inoffensif car physiquement limité.
Si les anciens s’en méfient, les enfants n’hésitent pas à lui jeter des pierres quand il zone sur les toits des maisons, réfléchissant à des plans machiavéliques sous son sourire sournois.
Son dessein est de créer un portail entre les Enfers et la Terre, afin de régner sur celle-ci en y répandant l’horreur et le mal. Pour y parvenir, il plante des concombres, en fait des soupes et se sert de cobayes humains comme porteurs des germes démoniaques nécéssaire à la réalisation de ses crimes abjectes. Sous ses allures mignonnes, Xinophixerox est définitivement un petit être perfide et vicieux à souhait. Et bien décidé à aller jusqu’au bout.
Au fil des pages, plusieurs personnages se croisent: Marta la jeune écrivain, qui a passé un marché avec le diable, Igor et sa cousine Mathilde qui se verra pousser d’effroyables tentacules bleues après avoir caressé Xinophixerox, Margarino, le garçon un peu trop gentil et toujours prêt à venir en aide aux autres…
Sandoval prend le parti d’une narration plus brève et nerveuse qu’à l’habitude, enchaînant les faits sans s’en encombrer, nous laissant une part d’ombre à combler selon notre imagination. Se servant d’un médium unique: l’aquarelle, chose assez rare également pour cet auteur amateur de techniques variées, il utilise un trait rapide et nerveux qui sied à merveille au rythme effréné de ce livre aux demies teintes tendres.
On saute de la poésie d’un paysage sauvage jauni par le soleil à la terreur semée par une horde de zombies enragés, en passant par des scènes érotiques et une lutte entre une méduse géante et l’armée des démons du ciel… Cela peut sembler capillotracté au premier abord, mais c’est justement ce condensé de folie douce qui fait des Bêtises de Xinophixerox un immanquable de la bande-dessinée fantastique indépendante. Tout cela en fait une comptine malfaisante et tordue, qui ne laisse pas une seconde de répit. Un très bon Sandoval.
Editions Paquet
Collection Calamar
143 pages
Caroline