Zahava et Dov vivent ensemble depuis presque quarante ans quand l’impensable se produit. Zahava trouve un cheveu blond enroulé à la bretelle du maillot de corps de son mari. Pas sur sa veste ou sa chemise, fruit d’une coïncidence, sur son maillot de corps. C’est certain, Dov la trompe, elle l’épouse qui a tout sacrifié à Dov. Commence alors une enquête de longue haleine, entre un numéro de téléphone retrouvé sur une serviette en papier, deux revolvers et des cartouches à ne plus savoir quoi en faire, une mystérieuse « poule de Rostov », la découverte d’une boîte à secret dans un tiroir verrouillé, une fausse intervention anti-araignées, la possibilité d’une maitresse en Transnistrie, région soviético-moldave oubliée, ou encore d’une plantureuse italienne ou d’une turque voilée. Tout au long de l’ouvrage, on découvre le monde intérieur qui anime Zahava alors qu’elle est frappée de mutisme chez son psychologue. Elle y déroule le fil des événements qui l’ont amenée à engager un détective et à suivre une thérapie en cinquante minutes.
La vie en cinquante minutes n’est pas le premier roman de Benny Barbash. Dramaturge, écrivain et scénariote, il a fait une entrée en littérature remarquée en France avec My First Sony en 2008. Vivant à Tel-Aviv, il oeuvre pour le mouvement La Paix Maintenant, et croque avec sensibilité et humour le quotidien des israéliens d’aujourd’hui.
“Tout ce qu’il y a entre mon mari et moi, c’est une tâche de café.”
Israélienne, Zahava l’est sans aucun doute. Croyante, elle l’est devenue au contact de Dov. Elle s’est jetée à corps perdu dans la religion alors que lui s’en détache. Elle est devenue l’épouse et la mère de famille idéale, laissant de côté ses ambitions professionnelles. Mais elle n’a rien perdu de sa capacité d’analyse et de sa petite folie. De page en page, on découvre son imagination, son obsession et son esprit de synthèse. Etablissant des hypothèses farfelues ou crédibles à partir de détails anodins, elle donne mille visages à la jalousie. Dans le tourbillon de celle-ci, elle se raconte, s’analyse et se redécouvre.
Tourbillonnante, l’écriture l’est également, pleine de joie et de nuances. Benny Barbash a le don de nous transporter dans un univers rythmé, empli d’odeurs, de couleurs et de personnages typiques sans toutefois perdre des thématiques plus universelles comme la connaissance de soi, le renoncement ou la dévotion religieuse. Ancré dans une société israélienne en pleine mutation, ce roman dépeint l’art du mariage au yeux de tous, sans jamais tomber dans le pathos ou le cliché, mais aussi la prise de conscience d’une vie qui a trop vite passée. Un livre rappelant les meilleurs Woody Allen, où le twist final confirme le talent de l’auteur.
Editions Zulma,
Traduction : Rosie Pinhas-Delpuech,
368 pages,
Aurore