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Vingt minutes de silence – Hélène Bessette

Écrivaine majeure de ce siècle, Hélène Bessette reste pourtant encore méconnue. Et ce malgré les efforts de Marguerite Duras, Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute ou encore Raymond Queneau. Excusez du peu. Le label Othello a donc choisi de rééditer ses œuvres complètes – treize romans publiés, des journaux et des récits autobiographiques – afin de remettre à l’honneur une auteure à la langue ciselée et intense. En commençant par son troisième roman, Vingt minutes de silence.

Partie une, mettre en place l’atmosphère. Et voici des lumières d’hôtel, des gris urbains, la lueur d’une bougie et enfin une victime et son assassin. Peut commencer le poème des questions. Un père a été tué.  Un père millionnaire dans une belle villa. Qui de la femme, veuve éplorée pas si sage, du fils, trop jeune mais habillé, ou encore de Rose Trémière la bonne bonne va se dénoncer ? Au fil des pages – poème des données, les angoisses, poème des solutions -, chacun tricote et détricote des théories, montant des rangs de mensonges, filant des chapelets d’alibis et de pensées intimes. D’un fait divers, Hélène Bessette va faire un théâtre de littérature, une pièce d’avant garde où la vérité se décline au pluriel.

« D’abord, je ne suis pas très sûre qu’il soit de moi. Tout-le-monde sait que mon mari me trompait. »

Préfigurant le Nouveau Roman, mais s’en éloignant déjà, Hélène Bessette propose une langue singulière, à la fois simple et très riche. À chaque instant, on suit le récit comme un fil d’Ariane se démultipliant. On ne lit plus seulement un texte écrit, on entend les personnages, la cacophonie qui peut parfois en résulter. Malgré des décalages narratifs et les changements de narrateur, le récit reste parfaitement fluide et clair. On oscille entre roman policier et poésie en prose sans jamais s’ennuyer. Le vide, le blanc, l’absence sont choyés par l’auteure. Non pas pour les non-dits mais pour le néant en lui-même. Un néant pas si éloigné des raisons de l’intrigue. Un récit écrit en 1955 et pourtant bien plus contemporain que nombre d’œuvres actuelles.

Bessette couverture

 

Othello, label du Nouvel Attila,
172 pages,
Aurore.

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