Paru il y a maintenant presque 15 ans aux Etats-Unis, Vite, trop vite de Phoebe Gloeckner a enfin sa traduction française aux belles éditions La Belle Colère ( avec aux manettes pour ce texte Monsieur Toussaint Louverture ) et c’est pour notre plus grand bonheur !
Texte interlope, naviguant entre le journal intime, la bd et l’illustration Vite, trop vite est un texte exubérant, fracassant et plein d’une fureur de vivre qui traduit si bien cette violence qui couve puis explose pendant l’adolescence.
Minnie Goetze est une adolescente timide et réservée qui passe son temps à dessiner et à écrire dans son journal. Ce journal c’est Vite, trop vite, une immersion totale, violente et fascinante dans la vie d’une adolescente qui découvre le sexe et se précipite à grands fracas dans la vie avec une énergie folle qui piétine tout sur son passage. La découverte du sexe, entre terreur et obsession se fera avec le petit ami de sa mère : Monroe qui entre deux cuites s’accorde une partie de jambes en l’air avec sa belle-fille pendant que sa mère se biture un étage en dessous. Cette relation glauque va durer, durer et malgré les expériences que fera Minnie, Monroe est celui dont elle est amoureuse et qu’elle ne doit pas aimer.
Ce texte est d’une force incroyable, traçant sans ambiguïté et avec beaucoup d’amour les tourments de l’adolescence, les premiers émois et cette tragédie constante que de vouloir faire des expériences pour avoir l’impression de vivre.
Véritable rafraîchissement, autant dans la forme que dans le contenu décomplexé, ce roman flirte beaucoup avec la Bd, alternant texte, planches et pleines pages d’illustrations dans la plus pure tradition du comic américain underground. Minnie voue d’ailleurs une admiration pour les Crumb ( Phoebe Gloeckner deviendra proche d’Aline Kominsky, la femme de Crumb ) et cela se voie. Cette névrose du sexe, cette énergie, ces traits épais et sales font partis d’un univers tout ce qu’il y a de plus Crumbesque ! Et c’est génial et touchant, pur comme quand on a 16 ans.
Vite, trop vite peut aussi faire penser à un autre texte fondateur du genre, Sang et stupre au lycée de Kathy Acker, texte monumental sur les névroses adolescentes à cheval entre le journal intime et le texte illustré.
Bref ! N’attendez plus et courez vous plonger dans cette œuvre qui se lit vite, beaucoup trop vite.
300 pages
Gwen