2019 année SaFranko !
Nous avons le droit à un retour fracassant du plus “frenchie” des auteurs américains. Avec d’un coté les éditions la Dragonne qui ont publié récemment « Un faux pas » & réedité avec une nouvelle traduction « Putain d’Olivia », de l’autre le recueil de nouvelles et poêmes « Le fracas des vagues » publié par Kicking Records et enfin les éditions Inculte qui ont publié « Suicide ».
Suicide c’est l’histoire d’une enquête, celle de Brian Vincenti, sur la mort suspect d’une jeune femme qui se serait jetée par la fenêtre depuis un des immeubles de la ville d’Hoboken. C’est l’histoire d’une obsession, d’un entêtement, celui de l’inspecteur, qui va trouver le suicide suspect et va s’enfoncer petit à petit dans l’univers moins rutilant d’Hoboken. Un décalage lent et certain vers le noir qui va pousser Brian à une introspection nécessaire et vitale. Il s’agit aussi de la dérive de son mariage, de son couple qui s’étiole et son impuissance à résoudre le problème. Et puis il y a le passé de l’inspecteur, son ancien partenaire, Tom Flaherty, une enquête commune qui les ont marqué, et Tom qui, après une révélation fracassante, devient Ellen Smith.
Il s’agit d’une découverte, Mark SaFranko en auteur de polar. Nous n’avions pas l’habitude en France, et autant l’incursion en demi teinte de Dan Fante dans l’univers de ce genre peinait à nous emballer totalement autant Mark SaFranko relève le défi haut la main et signe avant tout une œuvre très intimiste et sobre.
On est en terrain connu, dans le traitement des personnages, des situations, dans les descriptions, on retrouve le style de l’auteur, le rythme et la musicalité de ce dernier. Les codes du roman policier sont bel et bien là, mais passés sous le prisme de Mark SaFranko. Il y a une forme de frénésie lancinante qui prend le lecteur aux tripes et fait totalement ressentir et adhérer à la manière de réfléchir et d’agir de Brian Vincenti. Par le truchement du suicide et le prétexte de l’enquête l’auteur questionne ses lecteurs sur notre société actuelle sur l’évolution des mœurs et des relations humaines.
Suicide est une belle découverte, un pari gagnant pour les éditions Inculte. Un roman policier qui a plus de choses à dire que ce qu’il n’en parait et questionnera autant sur le genre que l’identité ou la routine.
A noter le remarquable travail de traduction effectué dans le cadre de la résidence Ariel. Sous la direction de Barbara Schmidt et la bienveillance de l’auteur, les étudiants de l’université de Lorraine ( UFR Arts, lettres et langues- Nancy ; IUT Nancy- Charlemagne) et la classe préparatoire littéraire du lycée Henri Poincaré de Nancy ont réalisé un travail de traduction remarquable. Félicitations à eux pour ce projet.
Éditions Inculte,
315 pages,
Ted.