De Photocall, nouveau livre de Vincent Broqua, on ne retiendra pas son renouveau de la parole poétique ni cette écriture insaisissable par une lecture dilettante. Ce serait réduire ce projet d’attendrissement à des considérations d’esthète ou d’universitaire. Non, ce que l’on va retenir ici est l’infusion des mots du poète en nous : ces mots qui offrent un nouveau pouvoir à l’amour, au désir et à la joie. Le projet d’attendrissement n’est pas hypothétique, on s’en aperçoit le livre refermé et le corps détendu.
Vincent Broqua a fabriqué une poésie qui éblouit comme les flashs des photographes. La lecture se fait à l’aveugle. Puis on discerne son propos, ce qu’il dit intimement sur les corps désirés et enlacés. Photocall raconte la joie de l’amour sans ignorer sa complexité. C’est un amour nouveau qui est décrit, une révolution des sentiments qui s’éveille peu à peu chez celles et ceux qui pensent autrement le monde, c’est-à-dire sans capitalisme ni patriarcat venant saboter la tendresse.
Photocall n’est pas un hymne universel rempli d’idées vagues mais raconte l’intime. C’est ainsi que ce livre est politique, par cet attachement à dire ce qu’il en est de l’amour et du désir au niveau de l’intimité de l’auteur. La parole poétique ne se fait pas seulement du point de vue de Vincent Broqua, il invoque aussi un panthéon personnel composé entre autres de Jean Genet, James Baldwin ou Angela Davis.
C’est aussi en concluant le livre par des paroles d’autres personnes que Photocall élargit son projet. La postface invite plusieurs voix de la poésie à s’exprimer sur ce texte. Puis dans « On n’est pas des casinos », texte qui clôt l’ouvrage, nous sommes propulsés dans une conversation entre amis. Elle nous dépose au petit matin, avec cet espoir que l’amour, ce désir du commun et de l’altérité, soit sans cesse renouvelé.
Éditions Les petits matins
178p
Adrien